Dark Yehivai

Aydindril, planète luxuriante,au climat tempéré, est recouverte de forêts immenses et de montagnes aux sommets inaccessibles qui pouvaient faire penser à une jumelle d’Aldérande. C’est aussi une planète en avance sur son temps, bien plus évoluée que ne l’est Coruscant, avec de grandes bâtisses tutoyant le ciel. Mais, le Seigneur de cette terre, l’Inquisiteur, était un allié des Siths, ce qui explique qu’elle était le refuge de grands Seigneurs Noirs. Ils pouvaient par conséquent réaliser leurs rituels et leurs expériences en toute impunité.

Elle jouissait d’un lien très puissant avec la Force. Je m’en suis rendu compte lors de ma première visite là bas.

L’inquisiteur avait beau être un allié des Sith, il laissait cependant ceux qui le souhaitaient fouler le sol d’Aydindril, pour montrer qu’il vivait sur la plus belle des planètes de l’univers. Et il avait raison. Mais je ne décrirai pas plus avant cet endroit, ce n’est pas le but de cette entrée de journal.

La raison est toute autre.

La République a entendu des rumeurs parmi lesquelles les plus puissants Seigneurs Sith se réunissaient sur Aydindril, pour attaquer la République ainsi que les Jedi.

Comment auraient-ils pu ? La planète était assez loin de notre capitale, et il n’y avait pas d’avant-poste républicain sur ce monde. Mais, les Jedi, sentant une grosse concentration du Côté obscur sur cette planète, demandèrent à ce que les plus puissants vaisseaux de la République se mettent en orbite autour d’elle afin d’en bombarder la surface, pour de cette manière, réduire la menace à zéro.

Nous n’étions pas nombreux à être d’accord, et surtout à être au courant. Le conseil Jedi se défendit en décrétant qu’en sacrifiant des milliers de vies sur cette planète, ils sauveraient beaucoup plus de gens.

La flotte réussit son attaque. Et tous les soldats fêtèrent ce massacre comme si c’était une grande victoire.

Mais pour ma part, je ressentais un profond malaise et décidais de me rendre sur Aydindril.

A mon arrivée, je ne pus que constater les dégâts. Pleins de corps jonchaient les rues. Les bâtiments, naguère magnifiques, n’étaient plus que ruines. Mais je n’étais pas venu pour ça. Je laissais la Force me guider jusqu’à une maison qui avait survécu comme par miracle aux bombardements.

Je projetai mes sens vers la bâtisse, et détectai deux signes de vies.

J’entrai alors dans la maison, et vis une femme, protégeant de son corps un jeune enfant d’environ 5 ans. Quand je fus près d’elle, elle se réveilla.

- « Je ne vous veux pas de mal », dis-je, en montrant mes mains en signe d’apaisement. « Laissez-moi vous aider ».

Elle s’écarta de son fils.

- « Prenez le, s’il vous plait, et protégez le » me dit-elle.
Elle avait les yeux d’une personne qui allait bientôt rejoindre la Force, mais plein d’amour pour cet enfant.
- « Je vous en donne ma parole ».
En entendant ces mots, elle me sourit et caressa le visage de cet être qui était si précieux pour elle.
- « Il s’appelle Yehivai... » murmura-t-elle.

Et elle ferma les yeux pour l’éternité.

Je regagnai mon vaisseau et une fois à bord, je le fis asseoir sur ma couchette et le regardai pour la première fois. Il était châtain, et il n’avait pas une seule égratignure sur le corps. Je sentais que la Force était puissante en lui, trop peut-être.

Je repartis sur Tython.

Durant le trajet, nous avons discuté, et j’ai vu au premier coup d’œil qu’il était extrêmement intelligent. Il comprenait parfaitement ce que je lui expliquais sur la Force. C’était instinctif, comme s’il savait déjà tout ce je lui disais. Je le préparais pour qu’il devienne mon padawan.

Deux ans passèrent, après quoi, je le présentai devant le Conseil. Je sentis comme un malaise entre les membres.
Yehivai le perçut aussi, mais il ne laissa rien paraître.

Je lui demandais de bien vouloir m’attendre devant la salle du conseil. Il me regarda, de ses yeux gris acier et m’obéit.

Une fois qu’il fut sorti, je commençais à questionner le Conseil.
- « Quel est ce malaise que je sens parmi vous ? »
- « Cet enfant ne peut pas devenir un Jedi ! », dit Maitre Kaedan.
- « Venant de vous, ces paroles ne m’étonnent pas », répliquai-je. « Savez-vous ce qu’il vit, jour après jour depuis deux ans ? Les autres enfants que nous avons pris sous nos ailes le tiennent à l’écart. Inconsciemment, certes, mais ils ne font que le rejeter.
- « C’est normal, c’est un Sith ! » dit Kaedan d’un ton sec.
- « Voyons, comment pouvons-nous accusez un enfant innocent des maux des dirigeants de sa planète natale ? » m’exclamai-je, indigné.

Maitre Satele Shan leva la main pour mettre un terme à cette discussion.

- « Edwin, nous en avons conscience. Cet enfant est puissant dans la Force, comme vous l’avez senti. Nous ne pouvons pas lui révéler ce que nous avons fait à sa planète. Mais quoi qu’il en soit, nous accédons à votre demande, prenez le pour padawan ».

Je remerciais le Conseil d’un hochement de tête puis j’allais à sa rencontre pour lui annoncer la nouvelle.
Il fut, par la suite, le meilleur élève de notre Ordre. Studieux, sérieux, plein de compassion, un modèle pour tous nos jeunes jedi.
Mais je sentais en lui une froide colère. Je l’avais déjà vu réduire au silence une bande de voyous de Nar Shadda d’un simple regard.
Bien sûr, toutes les femmes lui faisaient de l’œil, mais il ne leur accordait aucune attention.
Il devint le meilleur bretteur de notre Ordre, ainsi que le plus habile manipulateur de la Force.
Il était en voie de devenir meilleur que je ne le serai jamais, jusqu’à ce jour…

Durant sa vingtième année, il fut envoyé sur Aldérande, qui, comme je l’ai dit plus haut, était quasiment une réplique exacte de sa planète natale.
Il était devenu le plus jeune Chevalier Jedi de notre Histoire.
Le conseil avait entendu des rumeurs sur une Sith du nom de Dark Aisleen. Ils avaient déjà envoyé des Jedi à ses trousses mais aucun n’était jamais revenu.
Il envoya mon élève, Yehivai, grand espoir de l’ordre, sur Aldérande, là où il avait entendu pour la dernière fois parler d’elle.
Je ne sais pas ce qu’il s’est passé entre eux. Mais le dernier message que j’ai reçu de lui, était qu’il l’avait retrouvée, et qu’il comptait mettre un terme à ses agissements.
Il est revenu une année plus tard, avec une cicatrice sur le côté droit du visage. Il était …. changé. Ce que j’avais depuis toujours ressenti au plus profond de lui était finalement ressorti.
J’étais parti en mission sur Coruscant quand, me retrouvant en orbite autour de Tython, je sentis une pression énorme venant du temple.
Je demandais au pilote de se poser au sol le plus vite possible, mais il me répondit qu’il y avait un problème au sanctuaire, et que nous ne pouvions pas nous poser.
J’ai usé de la Force pour qu’il fasse atterrir ma navette. Et ce que je vis restera à jamais dans ma mémoire...

Mon ancien Maître ne sait pas ce qu’il s’est passé sur Aldérande. Eh bien, il est temps d’éclaircir ce point.
Le Conseil Jedi m’a envoyé sur cette planète dans le but d’arrêter une puissante Dame Sith. Tout simplement, parce qu’elle était… une Sith.
J’étais le meilleur d’entre eux. Le plus talentueux et le plus sensible à la Force, le plus sage aussi. Je faisais toujours passer les autres avant moi, et c’est ce qui faisait de moi un bon Jedi.
Je suis arrivé sur Aldérande, et j’ai commencé mes recherches en cachant ma signature dans la Force à la Sith, comme me l’a appris mon Maître.
J’ai réussi à retrouver sa trace en usant de tous les moyens que je connaissais. Tous, sauf le meurtre.
J’ai envoyé un message mon Maitre pour lui annoncer que je l’avais retrouvée, dans la Clairière des Rois. Je ne savais pas encore que ce message allait être le dernier que je lui envoyais.
Durant mes recherches, j’ai appris que la Dame Sith se nommait Dark Aisleen. Je la suivis à travers les forêts, jusqu’à la Clairière.
A ce moment-là, elle se retourna en souriant froidement.
Elle était d’une dangereuse beauté .
Brune, les yeux d’un bleu sombre des plus inquiétants avec un maquillage bleu nuit qui renforçait cette impression glaciale qu’elle donnait quand elle me regardait.
J’avais le sentiment qu’elle pouvait lire mon âme.
- « Arrête de te cacher, Jedi, je t’ai senti dès que tu es apparu en orbite »
Je sortis des arbres, et m’avançai vers elle en sortant mon sabre.
- « Qu’est ce qui m’a trahi ? » lui demandai-je.
- « Ton odeur de Jedi, mais tu as quelque chose en plus » me répondit-elle, avec une lueur malveillante dans les yeux.

Je me dis que je devais l’attaquer en premier si je voulais avoir une chance de remporter ce combat.
J’allumais mon sabre et je sautais sur elle. Elle alluma avec une rapidité déconcertante le sien, et nous commençâmes à virevolter dans la Clairière.
J’avais confiance en mes capacités, et je savais que je pouvais gagner si je me montrais patient.
Je sautai en arrière pour esquiver l’arbre qu’elle envoya sur moi, puis je la repoussai avec une puissante poussée de Force.
Elle atterrit doucement sur ces pieds, comme si mon offensive ne l’avait pas affectée.
Elle se mit à rire doucement. Je sentis qu’elle s’amusait avec moi.
- « Tu es intéressant. Sais-tu ce que tes Maitres ont fait à ta planète ? » me dit-elle avec un regard malicieux.
Je ne dis rien, mais je réfléchissais à toute vitesse.
Je savais qu’elle essayait de me déstabiliser, de me faire douter.
- « J’ai été donné à Maitre Til’Illan par la personne qui s’occupait de moi. »
- « Oh, tu es le padawan d’Edwin. T’a-t-il dit ce qu’il s’est réellement passé ? »
Elle parlait avec un petit sourire en coin qui me déstabilisait.
Nous faisions un cercle tout en parlant. Elle n’avait pas peur de moi.
- « On ne nous parle jamais de notre passé. »
Je me déplaçai derrière elle. Elle bloqua mon coup, et l’affrontement reprit de plus belle.
J’étais concentré sur mon combat, mais une partie de moi se posait la question de savoir ce qui s’était réellement passé.
Je me l’étais toujours posée. Mais maintenant, face à Aisleen, elle revenait, plus obsédante que jamais.
J’avais le dessus.
Je bloquais une dernière fois son sabre, et je lui traversai le ventre avec le mien.
Elle me regarda avec stupéfaction, puis tomba sur le sol.
- « Que s’est-il réellement passé ? », demandai-je à bout de souffle.
J’entendis encore le rire cristallin derrière moi.
Je me retournai et je vis Aisleen, assise sur une pierre, comme si s'était un trône.
Je regardai à mes pieds, et je vis la Sith, agonisante.
- « Eh bien, en voilà une façon de traiter une Dame. », me dit-elle, faussement offusquée.
- « Mais … Mais … je vous ai eue ! » dis-je, déconcerté.
- « Non, tu ne m’as même pas égratignée, dit-elle d'un ton hautain. Ce n’est qu’une illusion que j’ai créé » ajouta-t-elle comme s'il s'agissait d'une évidence.
Elle fit disparaître son double d’un geste de la main.
Je me sentais perdu, abasourdi par tant de puissance.
Elle me lança un éclair.
Je le reçus sur le côté droit de mon visage.
Je criai de douleur quand je la vis à côté de moi. Elle mit un doigt sous mon menton. Et je revis le massacre de ma planète.
La douleur fut telle que je me retrouvais à genoux devant elle, suffoquant et sanglotant comme un enfant.
- « Voilà ce qui s’est réellement passé. Tu peux voir que ton Ordre Jedi n’est pas aussi parfait que tu le penses. Si tu ne me crois pas, va donc leur demander. » lança-t-elle avant de tourner les talons.
Je ne pus que la regarder partir, sans dire le moindre mot.
Le côté droit de ma tête me faisait atrocement mal, tout mon corps me faisait souffrir.
Arrivée à la lisière de la forêt, elle se retourna.
- « Tu as un talent trop intéressant pour qu’il soit gâché avec les Jedi. Une fois que tu auras la réponse à ta question, viens me rejoindre. Tu sauras me trouver », me dit-elle d'un ton plein d’assurance.

Je mis un an pour me remettre de ce combat. Non, de cette humiliation devrais-je dire. Je me sentais trahis, parce que je savais au fond de moi que ce que m’avait montré Aisleen était vrai. Je discernais une colère sourde monter en moi. Elle était depuis toujours présente, là, mais je l’avais toujours contrôlée. Il était temps qu’elle sorte.
Une fois remis de mes blessures je repartis pour Tython, afin de m’expliquer avec le Conseil.
On m’accorda une audience. Je leur rapportai ce qu’avait dit la Dark au regard glacial.
- « Cette Sith t’a menti. Tous ce qu’elle t’a dit n’est que mensonge, nous n’a…. », commença Maitre Kaedan.
Je l’interrompis d’un regard.
- « Je ne veux pas entendre d’explication vaseuse, je veux la vérité. Avez-vous, oui ou non, détruit une civilisation entière pour éviter une soit disant guerre ? » leur demandai-je d’une voix qui ne tremblait pas, mais derrière laquelle on pouvait sentir une froide colère.
- « Oui », dit simplement Maitre Satele.
Je l’ai regardée, interloqué.
Le grand Maitre de l’Ordre avait commandité un massacre. Elle avait sacrifié des milliers de personnes sur de simples rumeurs ! Je n’arrivais pas à le croire !
Je sentais que mes mains tremblaient de colère. Le sol, les colonnes, les fauteuils vibraient sous ma fureur.

- « Et ce n’était pas la seule planète. D’autres planètes ont subi la même chose », me dit-elle d’une voix calme.
- « Pourquoi avez-vous fait ça ? Pour qui vous prenez vous pour décider de la vie de milliards de personnes ? », lui demandai-je d’une voix tranchante comme une lame.
- « Pour sauver des milliards et des milliards d’êtres vivants de notre Galaxie… les sauver des Sith »
- « Vous n’êtes pas mieux que l’Empire ! Vous n’avez pas le droit de décider du sort de la Galaxie ! Vous m’avez menti ! Vous m’avez trahi ! », criai-je, alors que des bouts de pierre tombaient du plafond, et que des fissures apparaissaient sur le sol.
- « Calme-toi, jeune jedi » dit Maitre Kaedan, en se levant.
- « Non !»
Je me retournais, et d’une puissante poussée de Force, j’expulsais la porte de la Chambre du Conseil.
Je sortis et croisai le regard de Edwin Til’Illan, mon maître et le meilleur guerrier que l’ordre ait connu.
J’y lus de la tristesse et de la compassion.
Je partis sans lui adresser une parole, pris un vaisseau, et fuis de la planète.


Une fois loin de Tython, je fermai les yeux pour méditer, et ainsi me calmer.
Sans le vouloir, je cherchais la signature d’Aisleen. Je la trouvai facilement, sur Korriban.
A travers la Force, je lui demandais de me rejoindre sur Manaan, une merveilleuse planète où j’avais l’habitude de me rendre pour me ressourcer.
Elle fut au rendez-vous, et dès qu’elle posa son regard sur moi, elle eut ce petit sourire en coin qui m’avait déstabilisé lors de notre combat.
- « Merci d’être venue. »
- « J’ai senti une perturbation dans la Force. Je n'avais rien de mieux à faire, ne t'imagine pas que j'attendais ton appel.» dit-elle d’un ton neutre mais son regard disait tout le contraire.
- « Vous aviez raison, les Jedi m’ont menti. Je souhaite vous rejoindre »
Une étincelle de triomphe était apparue dans ses yeux bleu sombre quand elle entendit ces mots.
Elle m’inspecta. Et, apparemment ravie de ce qu’elle vit, elle me demanda de venir avec elle.
- « D’accord. Je vais t’envoyer sur Korriban, et tu apprendras le côté Obscur. Ce qui ne sera pas compliqué, n’est-ce pas ? », me dit-elle en me tapotant doucement le menton avec son index.
- « Non, Excellence. »
Je fus envoyé sur Korriban, où je passai les épreuves Sith avec rapidité et efficacité.
Quand un rival m’attaquait, il ne faisait guère le poids. Je devenais de plus en plus puissant.

J’arrivais dans ma vingt-cinquième année lorsque je reçus la visite d’Aisleen. (Elle se faisait rare en effet car son rôle au sein d’un Ordre la garde loin de Korriban) Elle m’annonça qu’elle me prenait comme apprenti.
C’est ainsi que je commençais ma nouvelle vie de Sith en réalisant les missions que me confiait Aisleen.
Grâce à elle, je pus traquer tous les responsables du génocide de ma planète ce qui me permis, en plus de services rendus à Dark Aisleen, Fondatrice de L’Ordre Noir de Nathema, de prétendre au bout de seulement quelques années au titre de Dark.
Il ne me restait plus qu’une affaire à régler afin de pouvoir accepter ce titre.


J’étais sur la trace de mon ancien Maître, mais je sentais qu’il était très vieux, et qu’il n’en avait plus pour longtemps. Je me hâtais vers sa cachette, et le trouvais, allongé dans son lit.
Quand je le vis, je me souvins du Maître qui m’avait protégé et m’avait tout appris.
Dans ces yeux, je voyais… de la fierté. Il ne m’en voulait pas d’être devenu un Sith ! Il savait depuis toujours que c’était ma voie. Il était fier de moi.
Il me dit qu’il attendait ce moment depuis très longtemps, et qu’il voulait me léguer son masque. Je le pris, le mis et alors mon vieux maître s’éteignit devant moi.
L’ancien moi disparut définitivement avec lui.

Depuis ce jour, on me connait sous le nom de Dark Yehivai. Je n’ai plus jamais enlevé le masque qu’il m’a légué.